Qu’est-ce qui peut vous emmener jusqu’au BurnOut ?
Françoise, comment votre BurnOut est-il arrivé ?
J’étais cadre dans mon précédent emploi; l’entreprise était parfaitement structurée hiérarchiquement & en compétences; chacun savait ce qu’il devais faire, comment il devait le faire & quels étaient les attendus pour que l’expérience client soit au top.
J’étais reconnu pour la qualité de mon encadrement & les résultats obtenus.
J’ai obtenu un promotion & je suis devenu directrice d’une autre entreprise du groupe; j’avais 15 jours de vacances à prendre; je ne les ai pas pris entre les 2 postes; j’avais déjà vécu un burnout dans mon emploi précédent & je pensais pouvoir gérer mon engagement.
C’était une erreur: je me suis retrouvé à la tête de cette nouvelle entité qui portait beaucoup d’ambitions dans le groupe mais n’avait pas les règles, les process, les moyens humains ni les compétences internes de son développement; alors je me suis retrouvée, parce que l’effectif était insuffisant, à réaliser des activités « basiques » pour rendre malgré tout le service aux clients; dans la journée, je faisais des remplacements pour toutes les activités où il manquait du personnel (manutention, nettoyages, livraisons…) puis le soir, je réalisais des reporting & les prévisionnelles & des commandes jusqu’à 02 heures du matin, dormir 04 heures pour retourner sur le site avant tout le monde, à 07h00, le lendemain… du lundi au samedi.
J’ai été vite épuisée; je me suis bousillé le dos en plus; je carburait à la codéine sous toutes ses formes pour tenter de résister…
Avez-vous alerté la direction ?
Non !
J’avais accepté ce poste; j’ai été le pompier de service: tenté de me débrouiller pour éteindre les feux toute seule en espérant avoir du renfort assez rapidement; j’ai espéré longtemps en pensant que la situation allait s’améliorer:
– que les professionnel(le)s qui manquaient aux différents postes allaient être recrutés,
– que les compétences de celles & ceux qui étaient présent(e)s allaient monter
– que les moyens généraux allaient augmenter…
J’espérais avoir du personnel rapidement, ce qui n’arriva jamais.
Combien de temps avez-vous tenu ?
Mon corps s’est dégradé pendant 9 mois.
Ma tête, 8 mois et 25 jours.
Comment avez-vous compris que vous aviez fait un nouveau burnOut ?
Cela a commencé par des crises d’angoisses au bout de 6 mois.
Puis j’ai eu 4 ou 5 fois les mêmes symptômes que la fois précédente: une sensation d’avoir un infarctus avec un engourdissement du poignet, de la langue, des alertes cardiaques…
Je ne suis pas allée consulter.
J’ai eu cette « attaque » bien plus grave le 8ème mois; c’est mon mari qui m’a emmenée voir le cardiologue en urgence; ce dernier me connait; il m’a dit très calmement:
« Je vous rassure: ce n’est pas un infarctus; par contre l’AVC vous guette si vous continuez ainsi.

Qu’est-ce qui a emmené Françoise jusqu’au BurnOut ?
Qu’avez-vous fait ?
Je suis passé de 50 à 40 heures par semaine.
Au bout de 09 mois, le Directeur Général & moi-même avons fait un bilan; j’avais réalisé 25% de performance en plus; j’ai réclamé un staff plus important & plus de moyens généraux; la réponse a été négative.
De retour à ma voiture, j’ai éclaté en sanglots…
J’étais littéralement vidée !
Pour quelles raisons avez-vous fait ce choix de vous investir autant ?
J’avais 6 mois de probation à ce nouveau poste.
Les dirigeant n’admettent jamais s’être trompés; c’est toujours de la faute des équipes; je devais aller à fond à ce poste de Directrice car si les problèmes n’étaient pas résolus, ce serait moi qui serait incompétente et j’aurais été rétrogradée peut être à un poste que je ne pourrais pas choisir, voire au placard.
Quelle a été la suite ?
Je vais 5 jours à un salon en métropole; je gère tout aussi bien que possible à distance avec l’équipe; je rentre le vendredi midi épuisé; je décide de ne pas aller sur le site le samedi; le lundi, alors que je partais travailler, je me tord la cheville dans les escalier; bilan: 3 semaines d’arrêt; gestion de l’équipe à distance durant mon arrêt.
Retour le lundi suivant; le matin ok: cela n’a pas été pire que d’habitude.
L’après-midi: réunion avec le DG; la réunion s’est traduite par une réunion de licenciement pour fautes.
Ca a été brutal; je me suis retrouvée dans le cordes, ko debout, incapable de réagir aux coups que je recevais…
Je me suis ensuite levée et je suis partie prendre mes affaire sous le regard incrédule de mes collègues.
Et je suis partie.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
D’une certaine manière, je me sens délivrée, libérée comme Elsa la Reine des Neiges.
A plus de 50 ans, je me retrouve sans emploi.
C’est la 1ère fois de ma vie que cela m’arrive.
Je me sens également paumée.
Cette situation va me permettre de faire le point & envisager la suite à y donner.
Quels conseils voulez-vous donner aux autres professionnel(le)s qui sont aussi engagés que vous ?
Silence…